Dans une situation de survie, avant de quitter un emplacement, rappelez-vous qu’il est aussi important de noter le temps de votre parcours que de vous maintenir dans la bonne direction.
Un journal suivi et détaillé devient non seulement essentiel au succès d’une navigation à l’estime mais aussi à la survie comme telle.
Depuis bien des siècles, les marins utilisent la navigation à l’estime pour diriger leurs navires lorsqu’ils n’aperçoivent aucun rivage ou lorsque le temps est mauvais.
Cette méthode s’applique également à la navigation sur terre. Les déplacements sur terre doivent être soigneusement planifiés.
Il faut connaître d’une manière exacte ou , tout au moins, approximative son lieu de départ ainsi que sa destination et, si l’on dispose d’une carte, ces endroits y seront marqués de même que toutes les particularités connues qui se trouvent sur le parcours.
Ces dernières, lorsque parfaitement identifiables, deviennent autant de moyens de contrôle.
Lorsque vous n’avez pas de carte, le tracé se fait point par point sur une feuille de papier. L’échelle utilisée doit permettre de dessiner tout le parcours sur une même feuille.
Une direction nord sera alors clairement établie.
Le lieu de départ et la destination y seront pointés en relation exacte l’un par rapport à l’autre.
Si le terrain s’y prête, la direction idéale serait une ligne droite reliant le point de départ et la destination mais cela ne peut se faire que très rarement.
Le trajet s’effectue habituellement en plusieurs étapes à l’aide d’un azimut (angle exprimé en degrés) et celui-ci est déterminé au début du premier parcours.
On commence par mesurer la distance au départ et on continue tout au long de la première étape jusqu’à un changement de direction.
Un nouvel azimut est établi pour la seconde étape et la distance est mesurée jusqu’au prochain changement de direction et ainsi de suite.
Toutes les données seront scrupuleusement enregistrées et toutes les positions relevées.
Pour établir la distance parcourue sur terre, le « pas » reste la meilleure unité de mesure et il équivaut au pas naturel, soit approximativement 30 pouces (un pouce (inch) = 2,54 centimètre ) .
Les pas se comptent habituellement par centaines car les centaines se contrôlent plus facilement : on peut les noter dans un livre , on peut les compter sur les doigts.
On peut les symboliser par de petites pierres que l’on glisse dans la poche ou, encore, par des noeuds dans une corde , enfin, on peut les enregistrer à l’aide d’un compteur manuel.
Les distances ainsi mesurées ne sont qu’approximatives mais, avec la pratique, elles se font de plus en plus exactes et précises.
Pour toute personne se trouvant dans une situation de survie, il importe de déterminer au préalable la longueur moyenne de ses pas en mesurant en pieds ou en pouces la distance parcourue sur 10 pas pour la diviser ensuite par 10.
Sur le terrain, le compte du pas moyen devra être vérifié à cause des conditions suivantes :
Pentes ou inclinaisons
Les pas se font plus longs en descendant et plus courts en montant.
Vents
À contre vent, le pas raccourcit et avec le vent, il s’allonge. Surfaces Sable, gravier, boue et toutes surfaces analogues contribuent à raccourcir le pas.
Éléments
Neige, pluie ou glace rendent les pas plus courts.
Vêtements
Les vêtements trop lourds raccourcissent les pas , différents genres de chaussures peuvent affecter la traction et, conséquemment, la longueur des pas.
Endurance et résistance
Et que dire de la fatigue, qui nous méne à petits pas !
Les points de repère
Un point de repère est tout objet bien défini et situé sur le sol dans la direction que l’on a entrepris de suivre et vers lequel un navigateur se dirige.
Il est d’ailleurs plus facile de se déplacer selon un point de repère que de s’orienter constamment à la boussole.
Les points de repère durant le jour
Les points de repère sont évidemment plus visibles durant le jour.
Arbres isolés, bâtisses, haute futaie et toute forme se dessinant à l’horizon , voilà autant de bons exemples de points de repère.
Même une formation de nuages et la direction du vent deviennent des points de repère quand on peut périodiquement relever leur position en corrélation avec n’importe quelle méthode d’orientation céleste dont nous avons parlé.
Les points de repère durant la nuit
Nous n’avons ordinairement la nuit que les étoiles comme points de repère.
À cause de la rotation de la terre, la position des étoiles varie constamment et des vérifications par azimut demeurent nécessaires.
La durée du temps effectif alloué entre chacune des vérifications dépend de l’étoile choisie.
Une étoile située près de l’horizon nord servira durant une demi-heure.
L’étoile polaire est le point de repère idéal puisqu’elle se trouve à moins de 1° en dehors de la ligne du nord vrai.
Mais au-dessus de 70° de latitude, elle est déjà trop haute dans le ciel pour être utile.
Quand on se déplace vers le sud , il faut vérifier l’azimut à toutes les 15 minutes pour une meilleure sécurité.
Lorsqu’on se dirige vers l’est ou vers l’ouest, la difficulté de rester dans la ligne de son azimut vient du fait que l’étoile grimpe trop haut dans le ciel ou qu’elle se perd derrière l’horizon ouest plutôt que du fait qu’elle change de position.
Dans tous les cas qui précèdent, il est nécessaire d’opter pour une autre « étoile-pilote » lorsque la première devient inutile.
Si on utilise les étoiles nord et sud au sud de l’équateur, les directions ci-haut mentionnées seront inversées.
L’allure et le rythme de déplacement
Chaque jour, planifiez et franchissez une étape bien déterminée afin de pouvoir disposer du temps nécessaire à l’établissement d’un campement solide et confortable.
Il est impératif de bien dormir et de se reposer en de telles circonstances.
Parmi les facteurs influant sur la vitesse de parcours, mentionnons la température, le soleil, le vent, la pluie, la neige, votre condition physique, la nature du terrain (pente ou inclinaison, fermeté du sol), distance et temps requis (faut-il atteindre un endroit donné dans un temps prescrit), l’importance de l’équipement transporté (n’apportez avec vous que l’essentiel) et enfin , la quantité d’eau et de nourriture suffisante.
Tout au long de votre parcours, chassez et faites des provisions de victuailles afin de réduire le nombre de vos déplacements.
L’orientation
A moins de voyager en forêt dense ou sur la mer, vous pouvez parfois repérer quelques montagnes lointaines afin de vous orienter.
Une cime proéminente saurait vous servir de point de repère durant plusieurs jours.
Méfiez-vous cependant de l’illusion d’avancer dans une même direction alors qu’en réalité vous pourriez vous en écarter.
Suivez une ligne droite et faites en sorte de pouvoir revenir sur vos pas en prenant soin d’aligner deux bornes (arbres et rochers) puis une troisième et d’indiquer leur emplacement d’une marque claire, soit en entaillant un arbre, soit en empilant des pierres chemin faisant.
Allez-y de bornes successives et toujours en droite ligne. Suivez une route directement au pied d’une chaîne d’élévations.
Les pistes de chasse, se situant fréquemment sur le dessus de ces crêtes, peuvent servir de sentiers.
La végétation y est plus rare et les points de repère plus faciles à distinguer.
Il est bon de se guider sur un cours d’eau puisqu’il nous amène généralement dans une région habitée, nous procure eau et nourriture et nous permet de voyager en bateau ou sur un radeau.
Soyez tout de même prêt à passer à gué et à contourner ou à couper à travers l’épaisse végétation bordant le cours d’eau.
Si vous suivez une rivière en montagne, les chutes, les falaises et les affluents vous serviront de points de repère.
Dans la plaine, les cours d’eau sont généralement sinueux et sont bordés de marécages et remplis d’épaisses broussailles.
Ils n’offrent guère de points de repère.
Suivre le littoral, c’est emprunter une route longue et pleine de détours.
Par contre, le bord de la mer n’est-il pas riche en points de repère qui permettent de se reconnaître, sans compter qu’il peut se révéler une excellente source de nourriture.